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Les sous-traitants automobile sous pression

La stagnation des ventes, les entreprises zombies et la transition écologique remettent en question la pérennité des sous-traitants de l'industrie automobile européenne.

Tout d'abord, une guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, puis une pénurie généralisée de semi-conducteurs après la pandémie combinée à une hausse des prix des matières premières. Aujourd'hui, la guerre en Europe pousse les prix de l'énergie et des matériaux à la hausse, tandis que les livraisons de câbles, d'acier et d'autres composants produits en Ukraine sont perturbées.

En outre, l'industrie automobile a commencé à passer de la production de moteurs à combustion à celle de moteurs électriques.

Autant d’incertitudes pour les grands constructeurs automobiles, mais une simple nuisance pour les grands acteurs peut être mortel pour leurs sous-traitants !

La peur allemande des entreprises zombies

Les grands constructeurs automobiles allemands gagnent actuellement beaucoup d'argent malgré les difficultés mentionnées plus haut. Ils sont peut-être confrontés à des problèmes de production, mais une forte demande pour leurs voitures leur permet de les vendre sans rabais importants et ils orientent leur production vers des modèles à marge plus élevée.

La situation est très différente pour les sous-traitants de l'industrie automobile allemande. Une faible production se traduit par une baisse de la demande et certains peinent à transférer les coûts croissants vers le haut de la chaîne de valeur. Les sous-traitants de niveau 2 et 3, en particulier, ressentent une pression sur leurs liquidités.

Le secteur est déjà mis à mal après la pandémie ; le nombre historiquement faible de faillites dans l'industrie automobile allemande indique qu'il pourrait y avoir un nombre croissant d'entreprises dites "zombies", qui ont uniquement survécu ces dernières années grâce aux aides gouvernementales.

Selon Jens Stobbe, Analyste crédit Atradius spécialisé dans l'industrie automobile allemande, le risque le plus important concerne les fournisseurs confrontés à de graves problèmes dans leur propre chaîne d'approvisionnement, qu'il s'agisse de pièces manquantes, de faisceaux de câbles, de semi-conducteurs ou d'autres éléments actuellement rares.

Une production française mal en point

L'année dernière, la production de voitures en France était inférieure de 37 % comparé à 2019. À l'échelle mondiale, la production était inférieure de 14 % en 2021 par rapport à 2019, la France prend donc du retard par rapport au niveau de production du reste du monde.

Selon Audrey Palmade, Industry Leader Atradius spécialiste de l'industrie automobile française, la sécurité de l'approvisionnement est le plus gros problème du secteur actuellement. Tout manque, des puces électroniques aux chauffeurs routiers. Depuis 11 mois, le nombre de véhicules vendus en France est en baisse et la liste d'attente pour une nouvelle voiture peut atteindre un an.

"Nous constatons le plus grand risque parmi tous les sous-traitants de niveau inférieur à 1. Ils se débattent à la fois avec la demande et l'offre. Les constructeurs automobiles démarrent et arrêtent leur production de manière abrupte, suite à des annulations de commandes de dernière minute", explique Audrey Palmade, qui souligne que la plupart des sous-traitants en difficulté ont été identifiés et sont en cours de liquidation judiciaire, ou ont été rachetés par des investisseurs.

Cependant, d'autres problèmes s’annoncent en France. Les connexions russes de Renault peuvent potentiellement coûter cher à l'industrie automobile française. Avant la guerre, Renault possédait la plus grande usine automobile de Russie, mais le gouvernement russe l'a reprise depuis. En même temps, la Russie était le deuxième plus grand marché de Renault après la France et avant la guerre, la Russie représentait la moitié du résultat opérationnel de la division automobile de Renault. Selon Audrey Palmade, cela affecterait les sous-traitants à tous les niveaux de la chaîne d'approvisionnement.

Les défis en Italie ont commencé avant la pandémie

Le niveau de production de l'industrie automobile italienne a déjà commencé à ralentir au second semestre 2018. 2020 a été une très mauvaise année alors que 2021 était une année de reprise, selon Laura Balestrazzi, Analyste crédit Atradius spécialiste de l'industrie automobile italienne. L'augmentation de l'activité en 2021 s'est arrêtée en raison d'un manque de semi-conducteurs et de la hausse des prix des intrants. Cela signifie que l'année 2021 s'est terminée 8,5% en dessous du niveau de 2019.

Selon Laura Balestrazzi, les difficultés de l'industrie automobile italienne à acquérir des matières premières à un bon rythme ont commencé avant la pandémie et la guerre en Ukraine.

"Nous avons vu la Chine se procurer des éléments de terres rares en Afrique et en Amérique du Sud pour sa propre production. Ces éléments sont cruciaux dans l'industrie des voitures électriques et ce processus rendra plus difficile pour les producteurs européens de concurrencer les Chinois à l'avenir."

Pour 2022, Laura Balestrazzi croit en une croissance lente et comme en France et en Allemagne, elle recommande de garder un œil sur les sous-fournisseurs de niveau 2 et 3, notamment ceux qui traitent les matières premières. Les petites entreprises ont moins de pouvoir de négociation et une marge bénéficiaire plus faible. Ce qui les rend plus vulnérables aux variations des prix de l'énergie et des matières premières.

Dans le cadre de ventes à crédit, il est primordial de vérifier si votre partenaire commercial a des prêts COVID importants qui doivent être remboursés. Le remboursement des prêts COVID en Italie commence cette année et en 2023. En résumé, Laura Balestrazzi prévoit que les prochaines années seront difficiles pour de nombreuses petites et moyennes entreprises de l'industrie automobile italienne.