Avec des pics de chaleur dépassant les 40 degrés en France, il devient primordial d’envisager une adaptation des économies au changement climatique qui ne semble pas s’atténuer.
Le mois de juillet 2022 fût le mois le plus sec jamais enregistré depuis 63 ans. Le changement climatique et l’augmentation des températures se font de plus en plus ressentir.
Le changement climatique a déjà des conséquences négatives sur certains secteurs, en particulier sur les rendements, la productivité et l’emploi.
L’augmentation des vagues de chaleur et des températures a un effet significatif sur la productivité et le recrutement de certains secteurs d’activité. En effet, d’après le dernier bulletin de la Banque de France : « l’adaptation des économies au changement climatique : les enseignements tirés de la recherche économique » ; selon leur degré d’exposition, les secteurs exposés (agriculture, construction, etc.) à des températures au-delà des 30°C constatent une réduction de leur productivité représentant en moyenne une heure de leur temps de travail journalier, soit -14%. La chaleur entraînant déshydratation et fatigue physique, a donc des effets importants sur la productivité générale d’une entreprise.
Cette perte de productivité peut générer des retards sur la réalisation et la livraison de commande, avec pour conséquences, la possibilité d’un allongement des délais de paiement et l’augmentation du risque d’impayé.
Comme pour la productivité, les fortes températures ont un impact sur les rendements de productions agricoles. En effet, d’après le dernier bulletin de la Banque de France, l’élasticité des rendements fasse aux températures est non linéaire. Jusqu’à 30°C les rendements ont une progression à la hausse ; passé les 30°C, la courbe de progression chute brutalement :
Suite aux vagues de chaleur de juillet, les prévisions de rendement de céréales du modèle Visio-Crop indiquent une baisse significative de 18 à 21% par rapport à 2021. Cela ne prend pas en compte la sécheresse et les restrictions d’eaux qui vont aggraver cette baisse, ce qui risque de l’accroître encore. Voici le graphique des prévisions des rendements du maïs en France selon Visio-Crop, se basant sur les données météorologiques et les données prévisionnelles depuis mai :
(Source Viso-Crop)
L’impact des fortes chaleurs sur les productions agricoles ainsi que sur la productivité a pour résultat une augmentation des prix des matières premières et agricoles. Un bon exemple de ces augmentations de prix est le lait. Son prix à déjà fortement augmenté entre la reprise post-Covid et la guerre en Ukraine et continuera avec le réchauffement climatique. La cause principale de son augmentation est la sécheresse historique que traverse la France actuellement, selon Agreste, la production d’herbe a baissé de 21% au 20 juillet 2022 par rapport à 2021. Sans herbe dans les prairies et en quantité plus faible à la vente, il ne reste que 3 options pour un producteur de lait : utiliser son stock d’hiver ; acheter de l’alimentation animale, vendre une partie de son troupeau pour alléger ses charges. Avec un prix ayant augmenté de 25,9% pour l’alimentation animale en mai, de nombreux éleveurs on fait le choix de vendre. Évidemment, en revendant une partie de leurs animaux, leur production est réduite ce qui a un impact les quantités et donc sur l’augmentation des prix.
(Source Agi-Mutuel)
Le lait n’étant pas utilisé que dans l’industrie de l’agroalimentaire, mais également dans d’autres secteurs comme dans le secteur de la pharmaceutique, nous pourrons constater une augmentation des prix dans d’autres secteurs d’activités. Et cela n’est que l’effet du climat sur la production du lait. Il serait juste de considérer que ce schéma risque d’impacter tous les secteurs négativement.
(Source Agi-Mutuel)
Ainsi, le réchauffement climatique a un impact négatif sur la productivité, la production et les coûts des matières premières pour les entreprises et donc in fine sur les consommateurs. Le risque climatique ne cesse d’augmenter et les entreprises devront le considérer avec de plus en plus d’importance afin de trouver une parade et de s’adapter sur le long-terme.
Le changement climatique a ainsi un impact négatif de plus en plus visible sur les industries, qui ne peut plus être ignoré. Le risque climatique devient un nouveau critère de danger pouvant générer des défauts de paiement et mettre sous pression les trésoreries des entreprises. Il est primordial qu’elles l’intègrent dans leurs stratégies de croissance et s’adaptent à ce nouvel environnement. La question est également de savoir comment ce nouveau risque sera-t-il pris en compte par les partenaires de l’entreprise et avec quel niveau d’exigence, pour continuer à développer leurs relations commerciales ?