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Dégradation de votre note entreprise : comment réagir ?

Une mauvaise note de son assureur-crédit peut avoir des conséquences importantes en termes de business et de gestion financière. Comment réagir ? Comment faire face ?

"Les assureurs-crédit vivent du risque. Il n’y a pas d’intention de baisser les notations à tout prix. Au contraire, nous ne sommes pas dans une stratégie de sanction, mais d’accompagnement." Christophe Cherry, Directeur général d'Atradius France, Belgique et Luxembourg

Christophe Cherry reconnaît que, pendant la crise de 2008, « les assureurs-crédit avaient probablement terni leur image en ouvrant les parapluies trop vite ». Mais aujourd’hui, assure-t-il, « c’est différent, nous ne prenons pas de décisions brutales, nous analysons les situations au cas par cas. Les leçons ont été tirées de ce qu’il s’est passé pendant la précédente crise ». Et d’expliquer que dès le début de cette crise sanitaire, Atradius a plutôt opté pour la méthode douce, en réduisant ses expositions lorsque nécessaire, mais en concertation avec ses clients. « Le renouvellement et les acquisitions de nouveaux clients sont à un très haut niveau, cela signifie que nous avons su faire le nécessaire. ».

Réagir rapidement en préservant ses liquidités

Pour autant, un certain nombre d’entreprises devront faire face à une dégradation de leur note en raison de leur situation économique plus difficile. Dans cette perspective, mieux vaut donc anticiper et fourbir, au mieux, ses armes. Car l’impact d’un abaissement de sa note par les assureurs-crédit de ses fournisseurs peut potentiellement représenter un tsunami. « Cela signifie que presque immédiatement, certains fournisseurs vont modifier les conditions de paiement qui étaient jusqu’ici appliquées et réclamer des paiements beaucoup plus rapides. Conséquente concrète, et parfois brutale : le besoin en fonds de roulement de l’entreprise dont la note est abaissée va augmenter, parfois de manière considérable », alerte Jean-Pascal Beauchamp, en charge du département restructuring pour Deloitte. « Lorsqu’une relation de confiance est installée de longue date avec le ou les fournisseurs concernés, ceux-ci peuvent parfois accorder des délais à l’acheteur en difficulté. Mais cela reste quand même peu fréquent, car ils ne sont eux-mêmes pas forcément en capacité d’accepter un niveau de risque trop élevé de non-paiement. ». L’expert conseille donc, en cas de dégradation de sa note, de revoir en urgence son BFR : « Il faut absolument maximiser le cash en activant tous les leviers disponibles. ».
 
La réaction est d’autant plus urgente que cette dégradation de la notation a un impact qui va bien au-delà des fournisseurs, clients de l’assureur-crédit. « Tout l’écosystème autour de l’entreprise peut être impacté : pour le financement par les banques, l’affacturage, etc. Ces notes, comme celles de la Banque de France, sont regardées et analysées par de nombreux partenaires des entreprises », prévient Cari Civadiée, associé Grant Thornton.
 

Dialoguer avec l’assureur-crédit 

Les conséquences peuvent également être fortes sur le business lui-même : une dégradation de sa note peut bloquer purement et simplement l’accès à certains marchés. En parallèle d’une réaction opérationnelle immédiate pour gérer les conséquences d’une décision défavorable d’un ou plusieurs assureurs-crédits à son encontre, il est donc primordial de travailler au rétablissement de cette note. Et pour cela, il est essentiel de maintenir le dialogue avec les assureurs-crédit. « Il n’y a rien de pire que défaire l’autruche », résume Jean-Pascal Beauchamp. « Une entreprise doit toujours être transparente avec les assureurs-crédit. » Un point de vue partagé unanimement tant du côté des conseils des entreprises que des assureurs-crédit. « C’est un peu comme à l’école, celui qui ne rend pas sa copie récolte un zéro », souligne Cari Civadiée.
 
Il est donc totalement contre-productif de ne pas prendre les appels de l’assureur-crédit, en pensant, éventuellement, qu’en l’absence de réponse, il repoussera sa décision ou, pire encore, de cacher (voire mentir) sa situation réelle. « Le monde économique est petit, tout finit par se savoir. Mieux vaut être transparent, cela ne peut qu’être bénéfique. Même un contexte tendu peut être expliqué. » Christophe Cherry, pour Atradius, approuve: « Le paradigme “pas de nouvelle, bonne nouvelle” n’est plus d’application dans la relation avec les assureurs-crédits. Il y a une sorte de deal moral, nous valoriserons toujours les entreprises qui font preuve de transparence, y compris quand elles nous font part de difficultés. ». Au-delà de la transparence, cette communication à instaurer avec l’assureur-crédit relève aussi, tout simplement, de la bonne information. « L’assureur-crédit ne peut pas tout savoir à partir des bases chiffrées qu’il reçoit. Il est important également de lui expliquer sa stratégie, ses perspectives, les actions mises en oeuvre pour rétablir la situation, etc. Il ne faut donc pas hésiter à demander les coordonnées des interlocuteurs assureurs-crédit de ses fournisseurs », insiste l’expert restructuring de Deloitte.